Rémy's Tour - Les étapes effectuées

Après Rio, le navire fait halte à Santos. On jette l’ancre tôt le matin à plusieurs miles de la cote. Il y a beaucoup de navires immobilises comme nous j’en dénombre plus de 25. En tant que cargo porte container le ITAIM est prioritaire. En fin d’après midi, nous entrons dans le chenal. Le port est à l’embouchure d’un fleuve. On en remonte un peu le cours, les rives sont très verdoyantes, ça ressemble aux paysages que j’imaginais rencontrer au sud de l’Argentine. Je reste sur le pont à l’avant du bateau. J’assiste aux opérations qui précèdent l’accostage. Je vois ainsi le travail des matelots. Je discute avec le « Bosun » (l’équivalent du maître d’équipage, je dirais), qui me dit que Santos est un port qui est très apprécié chez les matelots et effectivement je sens l’excitation parmi ceux qui vont descendre à terre.

Yuriy YURKOV, ingénieur électricien et Yaroslav KURBANOVSKY, 3eme ingénieur

BRESIL / Rio de Janeiro / 18-02-2008

Nous sommes arrive hier en début de nuit. Le navire a jeté l’ancre dans la baie de Rio. Le relief est très escarpe. Il y a plusieurs petites îles / montagnes. Il y a un charme particulier qui opère.

La vedette qui amène le pilote à bord navire

OCEAN ATLANTIQUE / Côtes du Brésil / 17-02-2008

Aujourd’hui, j’ai visité la salle des machines avec l’ingénieur en chef. Impressionnant, d’abord la salle de contrôle qui est énorme, puis le moteur en lui-même. Pour donner un ordre de grandeur, dans le stock de pièces de rechange, je vois qu’un piston fait deux fois et demie ma taille. Le navire consomme quotidiennement 100 tonnes de fuel et avance a 40 km/h., 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. L’ingénieur le compare à un train, qui fait avec régularité toujours le même parcours, arrive à tel port toujours le même jour de la semaine, ceci pour simplifier les opérations portuaires et gagner du temps.

OCEAN ATLANTIQUE / Ligne de l’Equateur / 14-02-2008

Aujourd’hui le navire a franchi la ligne de l’Equateur. Le passage dans l’hémisphère sud est salué par un coup de corne de brume. Il fait plus de 30 degrés et bien sur l’atmosphère est très humide.
Je tape mon journal de bord pour rattraper le retard accumulé. J’espère que vous trouverez le courage de le lire, parce que comme j’ai du temps j’écris assez longuement.
Sinon la cure de désintoxication se poursuit. Je me doutais que le premier et le troisième jour seraient durs (c’est comme ça dans les romans policier), mais j’ai la sensation que le sixième pourrait l’être aussi.
Et rassurez vous, je n’ai pas oublié que c’est la Saint Valentin, aujourd’hui, j’ai grimpé en haut du château, pour avoir une liaison, satellite, claire avec ma princesse.

OCEAN ATLANTIQUE / Au large / 12-02-2008

Pas grand-chose, aujourd’hui. J’ai vu mes premiers poissons volants. C’est noir, assez grand et ça vole effectivement. Sur une vingtaine de mètres en ligne droite.
Aujourd’hui, c’est l’anniversaire du troisième ingénieur, Yuroslav, je crois. Il a offert la tournée de bière et de coca. Sympa.
J’ai aussi eu la confirmation de ce que je soupçonnais et craignais. Le cuisinier fait à manger selon les goûts nationaux des marins. Pour les Philippins il y a toujours du riz et pour les Pays de l’Est, toujours des pommes de terre. A chaque repas il y en a, le plus souvent sous forme de purée. Aujourd’hui j’ai vraiment eu du mal, j’atteins l’overdose.
Sinon, j’ai redécouvert, à force de ne plus manger de chocolat, que les carottes bien cuisinées ont un goût de caramel et qu’une pomme rouge est un dessert succulent. Surtout quand il n’y a pas le choix.

OCEAN ATLANTIQUE / près de l'équateur / 11-02-2008

Je viens de participer à un exercice d’abandon du navire. C'est fait dans la bonne humeur mais très sérieusement. Les canots de sauvetage sont entièrement hermétiques. Ils ressemblent à des blockhaus. On embarque tous, à l'intérieur, il y a des méga ceintures de sécurité, petit détail qui aide à imaginer l'état probable de la mer en cas de
naufrage. Le moteur du canot est mis en route et l'équipement de bord est listé. Tout le monde redescend et pour finir la vérification le canot est mis à l'eau. Il faut au minimum deux hommes qui restent sur le
pont pour effectuer la manoeuvre. Je demande comment eux quittent ensuite le navire en perdition, une fois le canot mis à la mer, on me désigne
une échelle de corde. Je me demande qui sont les volontaires et si on aura le temps de les tirer à la courte paille avant que le bateau ne coule. Bon, d'accord, j'ai mauvais esprit. Demain je visiterai la salle des machines, ou alors la salle de commandement. Mais pas les deux, il faut en garder un peu pour chaque
jour. Je remarque que mes notes depuis que je suis en mer, se transforment en soap opera. Ca doit être déjà l'influence de l'Argentine et de ses telenovelas.
Ah oui je profite aussi de cette traversée pour me livrer à une expérience complètement inédite pour moi. Et quand je dis inédite, c'est que je me force à n'utiliser qu'un adjectif des plus sobres, d'autres me sont venus à l'esprit. Quelle est donc cette expérience ? C'est simple, je suis monté à bord du navire en n'emmenant avec moi
aucune provision, pas le moindre petit gâteau ou morceau de chocolat. Pendant quinze jours je vais donc manger trois fois par jour seulement, de manière équilibrée, avec légumes à chaque repas et un dessert par jour seulement et trois fois sur quatre ce dessert sera un fruit.
Je comprend pourquoi je suis patraque ces derniers temps.

OCEAN ATLANTIQUE / au large des Canaries / 10-02-2008

Tout d'abord, BON ANNIVERSAIRE ISA.
Le navire a quitté Valence vendredi matin. Je suis en mer depuis trois jours. Quelles sont les premières impressions ? L'étonnante sensation de vitesse quand je contemple l'eau qui s'écoule le long de l'étrave du bateau. Ensuite, la largeur du chemin, j'ai du mal à parler de sillage, que le ITAIM laisse derrière lui dans la mer. Il y a aussi la constante vibration du moteur et de l'hélice. Et puis le spectacle de l'éperon arrondi qui prolonge la quille à l'avant du bateau. Il glisse dans l'eau transparente en soulevant régulièrement une
colline d'écume. Ca fait penser aux évolutions d'une petite baleine. Il y a aussi le lever et le coucher du soleil sur la mer. Quoi d'autre ? Pas vraiment le mal de mer (la mer est calme), mais je ne me sens pas très bien, la tête lourde et l'estomac un peu barbouillé. Ca
s'accentue, plus je monte haut dans la superstructure du bateau. Le contact avec l'équipage se fait très lentement. Enfin au moins comme ça j'ai le temps de me ressourcer. Il y a très peu d activités, la salle de sport est minimal, une machine de musculation et un cardio-trainer qui imite les mouvements du ski de
fond. Quant à la piscine, elle fait 4m sur 4m, ce qui n'est pas très motivant. Il y a pas mal de lecture, en Anglais (how interesting), Allemand ( wunderschon) et Russe (Da, da ). J'avoue que pour le moment je n'ai lu que des thrillers faciles en Anglais, tout futur prof bilingue allemand que je devrais être à la rentrée prochaine

ESPAGNE / Valencia / 08-02-2008

Rémy est parti ce matin 10h du port de Valencia en Espagne, direction Buenos Aires. A bord du cargo une vingtaine de personnes : équipage composé que de philippins et officiers polonais ou russes. Longues discussions en perpective :)

$L\'Alsace aussi est belle$

$Route vers l\'aéroport$

$L\'Alsace aussi est belle$

$Route vers l\'aéroport$

ESPAGNE / Valence / 07-02-2008

Aujourd'hui je lève à nouveau le camp de Strasbourg. C'est plutôt dur de quitter Isa (et aussi les amis que j'ai été très content de revoir mais ce n'est pas tout à fait comparable). Isa m'accompagne à Baden. Il ne
fait pas très beau. Je prends l'avion pour Valence, en Espagne, où j'embarquerai sur un cargo porte container qui m'emmènera en 15 jours de traversée à Buenos
Aires. Le voyage jusqu'à Valence c'est bien passé. J'ai abandonné mon chariot au profit d'un porte bagage avant et de deux sacoches de part et d'autre de la fourche. Ca change tout. Ce n'est plus la galère à l'aéroport et dans les transports en commun.
Arrivé à Valence, il fait doux, il y a des palmiers, c'est agréable après la grisaille de Strasbourg. Dire qu'on aurait pu passer une semaine ici avec Isa si les dates de départ avaient été plus arrangeantes. Je remonte mon vélo, sur une petite place près du port en attendant que ce soit l'heure de l'embarquement. Un passant me vole un sac pendant que je suis occupé à bricoler. Mais heureusement je m'en rends compte et je l'interpelle. Il me ramène le sac bien gentiment. Un amateur quoi.
Ce que je vois de Valence est très joli, moderne et propre. Sur le port, il y a encore les bâtiments qui abritaient les différents défis de l'America's Cup : BMW Oracle, Luna Rossa, l'équipe sud africaine. Je dois
me rendre au terminal TCV, au port de marchandise a deux kilomètres de là. Je longe les très belles anciennes halles en brique de style Art Nouveau. Le port est très grand, il y a une activité intense, les camions se font la course entre eux dirait-on. Je roule bien prudemment sur les bas cotés. Arrivé au terminal, je dois attendre que les gardiens vérifient mon laisser passer. Puis une camionnette m'emmène au pied du
bateau. Là, petite séquence émotion quand je dois grimper l'escalier de coupé avec mon vélo sous le bras, je suis sujet au vertige, mais il suffit de ne pas regarder en bas. Le bateau est le CSAV ITAIM. Il est affrété par une compagnie allemande. Il navigue sous pavillon chypriote. Le commandant est Polonais, ainsi que l'ingénieur en chef, les autres officiers sont Russes ou Ukrainiens. Les marins sont Philippins. C'est un peu étrange dans l'idée, mais par tradition le milieu maritime est cosmopolite je crois et la mondialisation de l'économie doit bien sur aussi entrer en ligne de compte.
Quelques autres spécifications pour la bonne bouche ? Le bateau est sorti du chantier naval de Shanghai en mars 2006, il mesure 231m de long, 56m de haut et a un déplacement de 57 000 tonnes. Une autre précision, les journées y sont assez longues et j'ai du temps à perdre.

Strasbourg, route de l’aéroport, il fait triste

FRANCE / Strasbourg / 03-02-2008

Page : 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14